Le port du masque : Europe versus Asie

Une approche interculturelle sur le port du masque

Le port du masque : Europe versus Asie

En cette période particulière où les débats sur le port du masque agitent les médias, nous souhaitons apaiser et élargir les discussions. Pour cela, nous utilisons une approche que nous connaissons, l’approche interculturelle.

Une précision pour commencer ; nous ne parlons pas ici du masque utilisé par le personnel médical au contact des malades, personnel qui a besoin de masques filtrants qui le protègent de l’inhalation d’agents infectieux.
Nous parlons seulement du masque ‘simple’ qui est souvent utilisé par les Asiatiques, à la différence de la plupart des Occidentaux.

Pourquoi les Asiatiques portent ils souvent ce masque dans la rue, dans les transports :

  • En Asie, en général, on porte un masque quand on est malade afin de ne pas transmettre sa maladie aux personnes que l’on rencontre = ce n’est pas Soi que l’on protège, mais l’Autre
    • Les cultures asiatiques privilégient la communauté / la collectivité sur l’individu et elles sont donc très respectueuses de toutes les mesures qui protègent la communauté, même si c’est un peu contraignant à titre individuel,
  • Dans de nombreux pays, il est impoli de se moucher en public,
  • Au cours de 10 dernières années, avec l’augmentation de la pollution en Chine et en Corée, les habitants ont pris l’habitude de porter un masque,
  • C’est utile pour les personnes allergiques au pollen. Depuis deux décennies, de plus en plus de Japonais portent un masque pour cette raison.

Le port du masque étant bien intégré dans les habitudes asiatiques, il n’y a pas de frein psychologique à cet acte.

Confrontés au virus, le port de masque par tous est une forme de rituel social, de symbole, qui permet à la population, face à cet ennemi invisible

  • Dans un premier temps d’être sensibilisée et alertée face au changement majeur que l’on est en train de vivre, qui va largement affecter la vie de tous
  • De signifier qu’il est important que je fasse quelque chose moi aussi, vu que ce rituel est validé par tout le monde.

En temps de crise où les gens peuvent paniquer et perdre confiance entre eux, cela donne partiellement un sentiment de sécurité.

  • Porter un masque signifie que je m’intéresse non seulement à ma santé, mais aussi à celle des autres : chacun fait son devoir de protection, la confiance subsiste et on va pouvoir continuer la vie en communauté.
  • Sortir sans masque c’est courir le risque (au minimum) d’être gravement interpelé par chaque personne croisée.

Les Chinois, les Coréens et les Japonais ont fait l’expérience du SRAS en 2003. Les Coréens ont eu le MERS en 2015.
Ils savent que

  • la maladie se transmet par les mains  ( à 80 %)
  • et que nos mains touchent souvent notre visage ( 1 fois par minute !) ce dont nous sommes rarement conscients. Le nez, les yeux et la bouche sont la porte d’entrée du virus.

Porter un masque fait prendre conscience de ces mouvements inconscients et limite les risques.
Dans le contexte de la pandémie de COVID-19, de nombreux Japonais ont commencé à porter un masque lors de leurs déplacements quotidiens. Dans une gare à Tokyo la quasi-totalité des passants portent un masque !

Mais

  • Le lavage des mains est plus efficace que le port du masque
    • Depuis 2015 les Coréens ont tous une petite réserve de masque et de gel hydroalcoolique chez eux et ils peuvent avoir accès à ces gels dans tous les lieux publics, banques, bus, toilettes, etc.
  • La meilleure défense est le confinement 
    • Non seulement le confinement est accepté par les Chinois qui se souviennent du SRAS, mais les familles sont parfois allées plus loin que les mesures gouvernementales, par exemple en se confinant avant que le gouvernement l’ordonne ou en isolant un membre de la famille dans une pièce de l’appartement pour lui éviter tout risque de contamination par les autres membres de la famille.

Stéphanie DAUDIER, Roselyne FREJAFOND, KISHIKAWA Yasushi, XU Jialong

Conseil de lecture : L’empire des Signes / Roland Barthes

3 avril 2020
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